anniversaire
07 octobre 1952
Vladimir Poutine
#59615 | La lettre d’information
France , 29.01.2023
Cher Monsieur
Vladimir Poutine

L’Ukraine est au bord du gouffre. Depuis la fin des années 90 l’émigration lui a coûté plus de 20 millions d’habitants (sur les 51 qu’elle comptait lors de son accession à l’indépendance). Avec la guerre, son économie et ses infrastructures sont détruites, la génération des hommes de 18-35 ans a été saignée à blanc dans les combats (plus de 500 tués et blessés par jour depuis mai 2022). L’Ukraine a été sacrifiée par ses mentors : c’est dorénavant un État failli aux portes de l’Europe, une plate-forme idéale pour tous les trafics mafieux et l’économie grise.


De son côté, la Russie a le temps. Son économie est de type industriel et, contrairement à celle de la Chine, elle n’est pas financiarisée. Elle est donc relativement solide parce que peu dépendante des fluctuations du dollar et n’est pas non plus partie prenante à l’abyssale dette américaine. Elle est basée sur la vente de produits (gaz, pétrole, céréales, etc.) à des très grands pays (Chine, Inde, Pakistan, pour ne citer que les principaux). Cet élément est très important surtout si l’on admet que le but de guerre russe n’est pas principalement l’Ukraine, mais le système occidental et sa déstabilisation. Dès lors, la solidité économique de la Russie explique pourquoi celle-ci a le temps, pourquoi pour elle les gains territoriaux en Ukraine demeurent secondaires. D’ailleurs, concernant le fait d’« avoir le temps », rappelons également que la pensée stratégique russe est coutumière, au plus tard depuis les guerres napoléoniennes, de céder du terrain pour gagner du temps et, à terme, épuiser l’adversaire. Dans ces conditions, j’aimerais avancer les points suivants :
– compte tenu de l’hémorragie des effectifs, il n‘y a plus beaucoup d’Ukrainiens dans les forces ukrainiennes. Ce sont majoritairement des mercenaires (Polonais, Slovaques et Allemands pour l’essentiel) qui sont, semble-t-il, dorénavant à la manœuvre.
– Côté russe, il ne devrait pas y avoir de grande offensive sur Kiev : pourquoi se mettre sur les bras d’immenses territoires ravagés dont les populations vous sont hostiles ?
– Pour le bloc occidental, la sortie de guerre devient de plus en plus pressante étant donné l’épuisement ukrainien et le coût croissant de la guerre pour ses arsenaux (sans oublier le financement du mercenariat). N’oublions pas que, d’une part, les Etats-Unis ne peuvent pas se permettre de se désarmer au moment où les tensions s’accroissent entre la Chine et Taïwan et, d’autre part, l’impression frénétique de monnaie depuis 2020[3] laisse supposer que le dollar est leur dernier instrument de puissance : à savoir financer des guerres par procuration.
– Le principal obstacle à la sortie de la guerre : c’est le Président Zelensky qui, avec son incroyable flair politique, a sans doute compris que ses mentors le manipulaient et qui, en retour, fait monter les enchères en exigeant des centaines de milliards de dollars. Donc, sa mise à l’écart devient cruciale … mais hautement problématique. Il est intéressant de noter à ce propos que, depuis quelques temps, les presses russes et ukrainiennes bruissent (chacune à sa manière évidemment) de l’hypothèse d’un coup d’État militaire à Kiev.


L’Europe est sans défense. Tant à cause de son désarmement (abolition de la conscription, armées professionnelles à faibles effectifs orientées sur les opérations extérieures, recours au mercenariat, démantèlement des infrastructures logistiques) que de la suppression des frontières entre États (Grand marché, Espace Schengen, système Frontex), son espace géographique est à nouveau ouvert aux « grandes chevauchées »[4] (comprendre grandes invasions). Faisons un retour dans l’histoire pour bien comprendre la signification d’un tel constat.
Les dernières vagues d’invasion se sont déroulées aux IXe et Xe siècles. Les raids des Vikings, des Sarrasins et des Magyars provoquent alors l’effondrement de l’Empire carolingien. Ensuite, à partir du XIe siècle, avec l’avènement de la féodalité, puis plus tard des États territoriaux, l’Europe occidentale se couvre d’un épais maillage de fortifications (châteaux, forteresses, villes de garnison) rendant quasiment impossible les grandes chevauchées barbares. Plus les pouvoirs territoriaux se renforcent, moins les chevauchées deviennent possibles. Aujourd’hui, ce glacis protecteur n’existe plus, le territoire européen est redevenu une « ville ouverte ». A cet égard, on peut d’ores et déjà mentionner les flux migratoires, le trafic de drogue et d’êtres humains qui traversent l’Europe de part en part, le tout constituant un aggloméré de mafias, de gangs et d’économie grise. L’État-failli ukrainien va d’ailleurs jouer un rôle démultiplicateur en la matière avec la quantité extravagante d’armes déversées dans le pays et qui commencent à se retrouver sur les marchés parallèles.


Dès lors, nous allons vers une nouvelle guerre … mais laquelle ? Tout porte à le dire et pourtant, c’est la question la plus difficile à laquelle répondre. En effet, il ne faut pas oublier deux leçons essentielles dans ce domaine : d’une part l’histoire ne repasse pas les plats, chaque époque accouchant de sa conflictualité propre ; d’autre part, une erreur courante consiste à envisager la prochaine guerre dans les termes de la précédente. Ces derniers temps l’évocation récurrente d’une troisième guerre mondiale est un exemple caractéristique de ce type d’erreur. Il faut donc se demander quels sont les principaux axes d’affrontements qui se dessinent.
Dans le contexte actuel, il est évidemment tentant d’évoquer l’hypothèse d’une attaque de la Russie contre ses voisins immédiats (Pologne, États baltes) dégénérant en un conflit plus large. S’il est évident que les états-majors de l’OTAN ne peuvent pas ignorer une telle éventualité, celle-ci semble néanmoins très peu probable : la Russie n’a ni les moyens militaires, ni la logistique d’une telle ambition. Rappelons par ailleurs que la fin de la Guerre froide voit le schème de la guerre inter-étatique remplacé par celui de la dialectique empire/barbares : à savoir les guerres américaines de la mondialisation et la montée concomitante de l’islamisme-djihadisme. Cette confrontation s’étale de la première guerre d’Irak (1991) à l’évacuation catastrophique de Kaboul en 2021. Plus de trente ans de guerre ou, en d’autres termes, une « guerre de trente ans » qui épuise définitivement l’État-nation occidental le transformant en État pénal-carcéral contrôlé par la finance globale. Aujourd’hui, la guerre en Ukraine laisse apparaître un nouveau schème qui n’annule pas le précédent, mais le supplante dans l’ordre des priorités : la

Cordialement, Hervé Bellec
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