anniversaire
07 octobre 1952
Vladimir Poutine
#59614 | Je vous felicite avec…
France , 29.01.2023
Cher Monsieur
Vladimir Poutine

QUELLE PAIX ?


La paix repose sur l’équilibre des forces en présence et le respect mutuel des critères de sécurité des nations concernées. Appliquant ces principes, trois dirigeants ont maintenu la paix en Europe pendant plusieurs décennies : le cardinal de Richelieu, le prince de Metternich et le chancelier Bismarck. Ce qui était vrai alors, l’est tout autant aujourd’hui. C’est pourquoi il ne peut y avoir de paix en Europe que si les Etats-Unis respectent leur parole. En contrepartie de la réunification de l’Allemagne que les Etats-Unis souhaitaient ardemment et à laquelle l’Union soviétique était fermement opposée, le secrétaire d’État, James Baker, promit à Michael Gorbatchev que l’OTAN « n’avancerait pas d’un pouce à l’Est ». Nous savons ce qu’il en est advenu. Un temps, les Etats-Unis ont prétendu qu’aucune promesse n’avait été faite. Devant la multiplication de documents circonstanciels et de témoignages, ils ont abandonné cette ligne de défense. C’est le cœur du problème. Il ne peut y avoir de paix, s’il n’est résolu.

C’était l’objet du projet de traité de paix soumis par les Russes le 17 décembre 2021 auquel les Américains ont répondu par une fin de non-recevoir. Dans ce projet, il était demandé aux signataires de ne pas former d’alliance susceptible de miner les intérêts fondamentaux en matière de sécurité d’une des deux parties au traité. Les Etats-Unis s’engageaient à prévenir toute expansion à l’Est de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, et de ne pas établir de bases militaires sur les territoires de l’ancienne Union soviétique. Les Etats-Unis et la Fédération de Russie prenaient l’engagement de ne déployer ni missiles sol-air à moyenne portée, ni armes nucléaires hors de leur territoire national. En bref, les Russes demandaient aux Américains de respecter l’engagement donné par James Baker à Michael Gorbatchev en 1990. Leur objectif était l’établissement d’une architecture de sécurité européenne garantissant la paix en Europe. Les Américains y sont opposés.

Dans le Defense Planning Guidance de février 1992, Paul Wolfowitz, alors sous-secrétaire à laDéfense, expose clairement l’objectif américain en matière de défense. Il prend la forme d’une hégémonie mondiale – hégémonie que confirme le Projet pour un nouveau siècle américain de Robert Kagan publié en septembre 2000. Cette hégémonie présuppose le démantèlement de la Russie – démantèlement que les autorités russes ont maintes fois décriées et que les autorités américaines ont tout aussi fréquemment niées. Cela n’est plus possible aujourd’hui. Kissinger en révèle l’existence dans sa lettre lorsqu’il écrit que la Russie doit trouver sa place dans une nouvelle structure internationale, ajoutant à l’intention des néoconservateurs que la « dissolution d’une nation (…) qui couvre onze fuseaux horaires » créerait un vide abyssal qui ne manquerait pas d’aiguiser les appétits. Le projet des néoconservateurs d’effacer la Russie de la carte du monde existait bel et bien. Il a failli se réaliser sous Boris Eltsine.

Il est temps de mettre un point final à la saga de l’effondrement de l’Union soviétique, d’oublier toute folie hégémonique et de donner à la Russie la place qui lui revient dans le concert des nations. De tous les dirigeants occidentaux, Emmanuel Macron est le seul à avoir fait sien le concept d’architecture européenne de sécurité, seul capable d’assurer la paix en Europe.

Cordialement, Hervé Bellec
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