Birthday
07 October 1952
President
Vladimir Putin
#59620 | Informational letter
France , 29.01.2023
Cher Monsieur
Vladimir Poutine

NOTE RENSEIGNEMENT, TECHNOLOGIE ET ARMEMENT N°46 / SEPTEMBRE 2022
RUSSIE, MUNITIONS GUIDÉES : STOP OU ENCORE ?
OLIVIER DUJARDIN

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Comparé avec ce que font les Occidentaux lors de leurs interventions militaires, la Russie a tiré, au début de son invasion de l’Ukraine, relativement peu de missiles de croisière et de missiles balistiques contre les infrastructures militaires ukrainiennes, l’armée russe ayant franchi les frontières à peine quelques heures après les premières frappes. De plus, on a pu observer rapidement des tirs de missiles Tochka-U russes – pourtant officiellement retirés du service en 2019 – et, de manière plus surprenante encore, des tirs de missiles antinavire KH-22 – eux aussi officiellement retirés du service – viser des cibles terrestres. Dès lors que l’on voit les forces russes utiliser en Ukraine des matériels « périmés », il peut paraître logique d’en déduire que les stocks russes de munitions de précision, principalement les missiles, sont épuisés. D’autant que les sanctions occidentales devraient avoir eu pour effet de réduire les capacités de production de l’industrie de l’armement russe. La Russie en serait alors réduite à recycler avec plus ou moins de bonheur des « vieilleries » dormant dans ses dépôts. Néanmoins, on observe que ces armes anciennes sont utilisées parallèlement aux munitions guidées depuis plusieurs mois. Qu’en est-il donc réellement ?



LA RUSSIE N’A PAS TOUT UTILISÉ


Selon des estimations, la Russie aurait probablement utilisé en Ukraine environ 40%de ses missiles de croisière ou balistiques modernes (famille des missiles Iskander, Kalibr, KH-101, KH-47M2, KH-59 etc..). Le stock total dont elle disposait avant la guerre n’est pas connu avec précision mais est estimé autour de 5 000 unités. 2 000 auraient donc été consommées en six mois, ce qui est important, surtout pour ce qui se veut n’être qu’une « opération spéciale ». Pour autant cela ne signifie pas que la Russie ne dispose plus de missiles modernes. L’état-major russe est sans doute conscient de la nécessité d’en garder en réserve dans l’éventualité d’un hypothétique affrontement avec l’OTAN ou autre.























Missile hypersonique KH-47M2 ayant vu sa première utilisation opérationnelle en Ukraine

Concernant les lance-roquettes multiples, il semble que la Russie n’a que très peu utilisé ses BM-30 Smerch ; elle préfère utiliser les anciens et moins performants BM-27 et BM-21 – elle possède aussi des versions modernisées de ces matériels, mais peu vus en Ukraine. Pourtant elle peut compter sur plus de 300 de ces engins et dispose de dizaines de milliers de roquettes de 300 mm dont la portée peut, selon les versions, atteindre 130 kilomètres. Certaines de ces roquettes sont guidées, d’autres utilisent des sous-munitions guidées antichar et une version emporte même un drone de reconnaissance à 70 km. C’est une dizaine de versions différentes de roquettes qui peuvent donc être utilisées. Moscou dispose aussi de quelques dizaines d’exemplaires du 2A52-4 Tornade qui se présente comme un BM-30 allégé avec seulement 6 tubes de lancement contre 12 pour le BM-30. Ce système est très semblable au HIMARS américain.



















M142 HIMARS





2A52-4 Tornade

Côté artillerie, l’armée russe possède probablement, sans qu’on en connaisse le nombre exact, plusieurs dizaines de milliers d’obus guidés 2K25 Krasnopol de 152 mm, en dotation depuis le milieu des années 1980. La version originale et modernisée (version M) utilise un guidage laser semi-actif, tandis que la version D, la plus récente, utilise la navigation par satellite. Le stock d’obus de 152 mm disponible dans l’armée est estimé à plusieurs millions, toutes versions confondues.

Les réserves russes en matière de munitions de précision restent ainsi conséquentes même si leur consommation a sans doute été bien plus importante que prévue pour ce type d’opération militaire, ce qui oblige certainement l’état-major russe à les économiser.



LA CAPACITÉ DE PRODUCTION


Une des conséquences attendues des sanctions économiques imposées à la Russie est de ralentir, voire stopper sa capacité de production d’armes et de munitions. Beaucoup de composants électroniques utilisés dans les systèmes d’armes russes sont importés d’Occident et, déjà, les effets s’en font ressentir sur les chaînes de production. Il est signalé des arrêts ou des ralentissements de production sur certains systèmes sol/air, dans la production des chars, dans les secteurs naval et aéronautique. Il est vrai que certains éléments particuliers vont être difficiles à remplacer et il est probable que la gêne perdurera plusieurs mois. Néanmoins, cela devrait peu impacter la production de munitions guidées russes. Si les missiles peuvent être considérés comme des armes de haute technologie, leur production ne nécessite pas forcément une électronique de pointe. Beaucoup des composants nécessaires sont disponibles dans le civil et les substitutions de composants ne sont pas trop difficiles à faire. On l’oublie mais le moindre Smartphone est, en général, électroniquement bien plus élaboré et complexe (gravure plus fine) que les systèmes militaires dont l’électronique est prévue pour être plus robuste donc plus « rustique[1] ». Le moindre microprocesseur d’ordinateur portable est bien plus puissant que ce que l’on peut retrouver dans un avion Rafale par exemple. En conséquence, même si cela peut momentanément ralentir la production, cela ne devrait pas entraver réellement la capacité de la Russie à produire des missiles.

La capacité de production russe est évaluée entre 120 et 300 missiles par an, selon les modèles. Compte tenu de la consommation actuelle, c’est relativement peu et cela va obliger Moscou à économiser ses stocks et il est difficile de savoir si l’industrie russe se trouve en capacité d’augmenter significativement sa production, Par contre, le retour d’expérience peut l’amener à modifier les proportions de missiles produits afin de favoriser les missiles à trajectoire semi balistique et/ou hypersonique qui se montrent bien moins vulnérables à la défense sol/air.

Il n’y a pas de chiffres disponibles concernant spécifiquement la production des obus guidés Krasnopol, tout juste estime-t-on que la capacité industrielle théorique totale est d’environ 2 millions d’obus par an.



LA RECONVERSION DE MUNITIONS ANCIENNES


La guerre en Ukraine a déjà vu l’utilisation par les forces russes de munitions officiellement retirées du service, comme les missiles balistiques Tochka-U et les missiles antinavires KH-22. Si la Russie dispose de quelques cent

Cordialement, Hervé Bellec
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